Sur le pont d'Avignon, On y pitche tous en rond

24 juillet 2017

Sur le pont d'Avignon, On y pitche tous en rond

Impressionnant... c'est le mot qui me vient quand je rencontre les pitcheurs du festival d'Avignon. Évidement que les pièces du IN et du OFF sont géniales, que l'ambiance de la ville est magique, et que les acteurs jouent très bien mais ce que j'en retiens surtout, ce sont ces présentateurs d'une minute ; toute la journée, quand ils ne sont pas sur scène, ils répètent inlassablement la présentation de leur pièce à tous les badauds qu'ils croisent en remontant la rue des Teinturiers, l'avenue de la République et autre place des Carmes.
Quelle énergie, quelle motivation, quelle assurance... Quand je les vois s'approcher de moi, l'œil pétillant, le sourire aux lèvres et le flyer à la main, je ne peux pas refuser et je les écoute de toutes mes forces. Cette minute est suffisante pour reconnaître leur talent. Certains vous transportent immédiatement; dès qu'ils vous quittent vous appelez fébrilement le théâtre pour réserver la pièce pitchée! d'autres, au contraire, vous perdent en 15 secondes. C'est finalement un rôle important qui se travaille, comme un texte de Molière ; J'en ai surpris un qui se préparait, dans une rue calme. Tel un boxeur, il effectuait des petits sauts sur place, des exercices de respiration et des "bibebabobu"; une sorte de Rocky mais le peignoir et les gants de boxe avaient été remplacés par des beaux mots, un t-shirt jaune et des antennes d'abeilles .... Le ridicule ne tue pas, c'est bien connu! Mais il paralyse... enfin il me paralyse moi. J'ai tellement peur d'être ridicule sur scène que je n'ai jamais osé jouer. Je n'ai même jamais essayé.
Et pourtant tout ceux qui me connaisse vous le diront, je suis une bavarde, incapable de me taire plus d'une minute: une scène de la vie quotidienne à rejouer devant les copines, une explication à demander à mon patron , une injustice a dénoncer auprès d'un prof ou d'un parent et me voilà , la langue bien pendue. Je finis souvent ma prise de parole les joues rouges et la voix chevrotante mais ce qui doit être dit sera toujours dit.
Par contre un sujet à exposer à la classe ou un oral devant un jury et c'est la débandade! J'ai beau connaître le sujet par cœur, me le répéter à voix haute et me trouver plutôt bonne et convaincante quand je répète devant le miroir, tout s'arrête quand je présente devant les autres, ceux qui me jugent... tout commence une semaine avant le jour J: je ne dors plus, je suis exécrable, je ne mange plus ou je mange trop et je chiale.... j'ai tout essayé pour me calmer: les huiles essentielles, la relaxation, les exercices de respiration, les calmants, et même l'alcool, mais le stresse gagne toujours à la fin. Je n'ai jamais été capable de dire un mot sans pleurer avant, pendant ou après mon oral... et il m'est même arrivé de faire le triplé gagnant: une grande chialerie entrecoupée de mot; peut être un nouveau genre théâtral à proposer au IN! Et je serai alors la meilleure pitcheuse-pleureuse d'Avignon!